après la place, mémoire de fille, les années, passion simple et l’événement, j’ai lu : une femme d’annie ernaux. ça fait beaucoup de titres, mais je m’en lasse pas. je m’étonne souvent de cette immense dose d’intime que l’autrice délivre, à nous, pauvres lecteurs ; du particulier qui devient, grâce à l’identification et des traits sociologiques, du général, l’image d’une mère, d’une grand-mère, d’une figure aimante qu’on a connu et dont on a peu à peu observé l’évolution. en miroir par rapport au livre sur son père, l’autrice rend ici un hommage touchant, fragile et sensible à sa mère, un personnage fort, la tête de la maison et du café-épicerie, qui a poussé sa fille à devenir ce qu’elle n’avait pas pu être. sans misérabilisme aucun, sans diabolisation ou jugement outre mesure, elle brosse le portrait dense mais mesuré d’une femme. une femme pas tellement comme une autre, pas tellement extraordinaire. une femme qu’on a l’impression de connaître, et en même temps, dont la connivence et l’enchevêtrement avec sa fille est unique. entre distance et embrassades, souvenirs et oublis contraints, c’est une recherche de l’exactitude et des subtilités, pour montrer au mieux sa mère. pas sous son meilleur jour, c’est au contraire cru, contrasté et douloureux. mais ce don par l’écriture, cet hommage par la retranscription et la mise en récit donne espoir. ce sont des mots recherchés finement, des descriptions évocatrices et émouvantes et, finalement, une tentative d’effacement des regrets. une force se dégage du livre, d’une femme, d’une plume. j’ai beaucoup aimé.